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Politique:
Le président ivoirien, Koudou Laurent Gbagbo, a fait une intervention fort remarquable (c'est selon) devant le Conseil de sécurité des nations-unies lors de son séjour à New-York du 15 au 20 Avril. Le Chef de l'Etat ivoirien a indiqué qu'il souhaiterait que dorénavant la gestion des conflits internes des Etats soit confiée aux organisations africaines. Que l'Onu n'intervienne que lorsqu'il s'agira d'un conflit inter-états. Une manière indirecte de rappeler au Conseil de sécurité que la présence des troupes onusiennes en terre ivoirienne ne se justifie pas d'autant plus qu'il s'agit d'une crise ivoiro-ivoirienne. Egalement un petit cours d'histoire de l'historien président au gendarme du monde sur son rôle originel qui est de gérer les conflits entre les Etats membres. Ses partisans pensent que Koudou a parlé en garçon. Mais, ceux qui connaissent la roublardise de l'homme ne s'y méprenne pas. Car, le discours de Gbagbo confirme, si besoin en était encore, que l'homme n'a nullement abandonné la logique de guerre depuis que le temps mort occasionné par l'interposition des forces françaises lui a permis de se surarmer. Pressé par le Conseil de sécurité de l'Onu, Koudou pourrait, si sa proposition devrait être acceptée dès sa suggestion, tenter un passage en force pour reconquérir les territoires perdus. Dans le cas d'espèce, que pourrait l'Union africaine si Koudou décidait de reconquérir les territoires perdus par la voie des armes? Absolument rien. Pour la simple raison qu'au niveau de l'organisation panafricaine, combien d'Etats ont la même surface financière que la Côte d'Ivoire pour lui imposer une certaine conduite? En affirmant donc qu'il souhaiterait que la résolution des conflits internes aux Etats revienne aux organisations africaines, le président ivoirien sait bien qu'il pourrait se passer des injonctions de ses paires africains qui forment l'Union africaine d'autant plus que beaucoup d'entre eux ont, eux-mêmes, des cadavres dans leurs placards. Et le Chef de l'Etat ivoirien, en bon historien, sait où les tenir. En outre, Koudou Laurent Gbagbo a la pleine conscience que les organisations africaines pêchent par un manque crucial de moyens logistiques pour face au plus petit conflit même ne serait-ce qu'entre quartiers d'une même ville. Même diplomatiquement parlant. La proposition de Koudou aurait eu son pesant d'or si la crédibilité même de l'Union Africaine ou de la Cedeao n'avait pas été mise plusieurs fois en mal dans de nombreux conflits ą travers l'Afrique. Si ce n'est la logique de guerre, c'est que Koudou tente de donner une certaine valeur aux accords de Ouaga signé sous la coupole de la Cedeao (communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) dont la présidence est assurée pour le moment par le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré. Ces accords, qui portent en réalité les griffes de Koudou Laurent Gbagbo, ont été salués par toutes les institutions et qualifiés par leur initiateur de dernière chance pour la Côte d'Ivoire. Malheureusement, les accords de Ouaga ont fêté leur premier anniversaire en mars dernier sans apporter encore une réelle solution au problème ivoirien. C'est ce tâtonnement qui a d'ailleurs amené l'Onu ą rappeler ą l'ordre les différents signataires des accords de Ouaga. Et c'est cette pression de l'Onu qui a amené le duo Koudou-Soro a organisé un conseil extraordinaire des ministres pour donner une date précipitée des élections au conseil de sécurité avant le déplacement de Ban Ki-Moon ą Abidjan. Même s'ils restent convaincus eux-mêmes que le respect de l'échéance du 30 novembre 2008 reste hypothétique. En faisant une telle proposition devant le conseil de sécurité de l'Onu, qu'espère alors le chef des armées de la zone dite loyaliste? Qu'on lui donne la possibilité de résoudre son problème tout seul. Et comment compte-t-il le résoudre si ce n'est par la voie des armes. Le chef de l'Etat ivoirien, eu égard son surarmement malgré l'embargo de l'Onu, se sent des ailes pour mener une guerre contre Soro et son vétuste armée comme il voulait d'ailleurs le faire lors du bombardement de Bouaké qui lui a coûté sa flotte. Car, lui-même reste convaincu que les accords de Ouaga ne résoudront rien dans le problème ivoirien et qu'il faudra tôt ou tard recourir ą la force. C'est ce qui explique que Koudou ait qualifié les accords de dernière chance pour la sortie de crise en Côte d'Ivoire. S'ils échouent, alors le président ivoirien est prêt ą choisir le passage en force. Etant convaincu qu'il pourrait se passer sans difficulté des injonctions de ses paires africains comme a pu le faire Georges Bush lors de son invasion unilatérale de l'Irak de Sadam Husein. Si une telle option s'imposait ą lui, Koudou sait que le président Blaise Compaoré, ą qui il a rendu tous les honneurs ą travers les accords de Ouaga et dont il accusait le pays d'être la base arrière de la rébellion, se verrait bien embêter d'assurer les arrières de Soro et ses camarades. De ce côté donc le président ivoirien peut dormir tranquille et penser ą la meilleure stratégie pour réaliser son rêve, c'est-ą-dire mâter la rébellion.
Sidibé Lancina
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