Le
monde de la musique est en deuil. La diva de la chanson africaine, Miriam
Makéba a raccroché définitivement le micro après une carrière bien remplie qui
l’a emmenée dans toutes grandes salles de la planète musicale. Elle s’est
éteinte à l’âge de 76 ans des suites d’une attaque cardiaques alors qu’elle
s’adonnait encore à son violon d’Ingres. Une grande consternation pour le
monde de la musique africaine tant la chanteuse sud-africaine avait fait des
émules sur le continent noir. Dans son pays natal, l’Afrique du Sud, l’artiste
était une icône de la lutte anti-apartheid. Cela lui a valu d’ailleurs des
déboires avec le pouvoir blanc de l’époque. Après une série de concerts dans le monde entier,
l'Etat Sud-Africain l'avait déchue de sa nationalité pour sa participation à
un film anti-apartheid, «Come back to Africa», l'empêchant de revenir assister
aux funérailles de sa mère et interdisant même sa musique. Durant 31 ans, elle
va vivre loin de son pays. Elle obtiendra un titre de citoyenneté honoraire
dans dix pays, dont la France. En 1969, Miriam Makeba épouse Stokely
Carmichael, l'un des chefs des Black Panters américains, figure contestée de
la lutte pour les droits civiques, ce qui lui vaudra de nombreux ennuis avec
la justice américaine et l'obligera à s'exiler en Guinée. Elle divorcera
quatre ans plus tard. En 1985, elle est faite Chevalier des Arts et Lettres
par la France. Mais la mort cette même année de sa fille unique, Bongi, à
l'âge de 36 ans, et les ennuis d'argent, plongent la chanteuse dans la
dépression. En 1987, alors qu'elle vit en Belgique, elle connaît un nouveau
succès mondial en participant à l'album Graceland de Paul Simon. En 1990,
alors qu'elle vient d'obtenir la nationalité française, Nelson Mandela finit
par la persuader de revenir en Afrique du Sud. En 1992, elle fait une
apparition dans le film Sarafina !, qui raconte les émeutes de Soweto en 1976.
Il faudra attendre 2000 pour que Miriam Makeba sorte un nouvel album. Ce sera
Homeland, un disque contant sa joie d'être rentrée dans son pays. «J'ai
conservé ma culture, j'ai conservé la musique de mes racines. Grâce à elle, je
suis devenue cette voix et cette image de l'Afrique et de son peuple sans même
en être consciente», avait écrit Miriam Makeba dans son autobiographie.
Avec son décès,
l’Afrique ferme une page de son histoire. Une page riche en couleurs qui
aurait permis au monde de découvrir l’immensité de la culture africaine.