Côte d’Ivoire
Corruption généralisée
20.07.10
AFFAIRE TAGRO : L’opposition et les forces nouvelles prudentes
L’opposition
ivoirienne a encouragé à raison la presse proche d’elle à faire échos et
d’amplifier tous les scandales financiers des hommes de Laurent Gbagbo.
Elle n’a pas imaginé les capacités de ce dernier prêt à retourner toute
situation. Toute la classe politique de l’opposition a applaudi des deux
mains l’attaque frontale de Mamadou Koulibaly contre son ``camarade``
Désiré Tagro, accusant ce dernier de népotisme, de tribalisme, de
corruption, de détournement de fonds. L’opposition a vu en cette crise
irresponsable entre deux cadres
du parti de Laurent Gbagbo, le début de la chute des
refondateurs. Même si cette hypothèse n’est pas loin de se réaliser, le
recours à une enquête sur les faits de corruption fait trembler tout le
marigot ivoirien. Existe-t-il un homme politique en Côte d’ivoire au
delà de tout soupçon de
corruption ou de détournement de fonds publics ? Que non ! Au vu de leur
train de vie énorme et des biens gigantesques qu’ils possèdent aussi
bien au pays qu’en dehors, l’ivoirien est en droit de se douter de la
moralité de sa classe politique. Il suffit qu’un opposant rentre au
gouvernement pour qu’il change radicalement de discours. Alors qu’ils
réclament la démission de Laurent Gbagbo lors des meetings de leurs
partis, les ministres issus de l’opposition n’ont jamais tenté, alors ne
serait-ce qu’une seule fois, ou même menacé de quitter ce gouvernement.
Que fait donc cette opposition qui aspire au pouvoir dans un
gouvernement aussi corrompu ? En effet, la vie politique au bord de la Lagune Ebrié
ressemble fort bien à une scène de partage d’un trésor volé. Tant que
chacun a sa part, alors point de contestation. Tout se joue comme si
rien ne se passe. L’opposition dénonce tout sauf les pillages des fonds
de l’Etat, tout sauf la corruption et le népotisme. Les deux grands
partis de l’opposition que sont le RDR et le PDCI acceptent le
financement à eux réservé, à hauteur de 800 millions de FCFA chacun,
sans même tenir compte que des hôpitaux manquent de médicaments. A cela
il ajouter les indemnités liées à leurs anciennes occupation au service
de l’Etat.
Dans
les nominations dans les ministères attribués aux partis de l’opposition
l’on y rencontre les mêmes tares dénoncées chez les refondateurs.
Népotisme, tribalisme, copinage de toutes sortes. 99 % de membres du
cabinet d’un ministre issu de l’opposition et les fonctionnaires nommés
pour travailler avec lui sont issus de la même formation politique voire
de la même région, de la même ethnie. Dans le cabinet d’un ministre
Baoulé, on y apercevra que des noms de cette ethnie, il est ainsi pour
un Wobé, un Malinké ou un Bété. L’unanimité à piller les fonds publics
s’est érigée en règle de conduite et comme si c’était dans un groupe
mafieux on observe la loi de l’omerta. D’Amon Tanoh à Mabri Toikeuse, en
passant par Patrick Achi, Hamed Bakayoko, Anaky Kobena,
etc…, tous les ministres issus des différents accords de paix
sont passibles de poursuites pour détournements de fonds, tribalisme et
népotisme. Laurent Gbagbo se trouve alors très à l’aise dans cette
situation. Sachant que les
cadres de l’opposition, qui
se sont succédés dans les différents gouvernements d’union, en tant que
ministres, depuis la signature de l’accord de Marcoussis, sont tous
passibles de poursuites judiciaires et qu’ils ne peuvent pas dénoncer
les abus liés aux détournements de fonds, Laurent Gbagbo joue la carte
de l’équilibre de la terreur. Il a fallu Mamadou Koulibaly, un cadre du
FPI pour accuser un de ses camarades de parti, en l’occurrence Désiré
Tagro, pour lever le voile sur la dimension des gravités causées par les
ministres aux pauvres contribuables ivoiriens. Si les accusations de
Mamadou Koulibaly s’étaient portés sur Amadou Gon Coulibaly ou sur Achi
Patrick ou tout autre ministre de l’opposition, le RDR et PDCI auraient
crier à la provocation « qui met en danger le processus
électoral ». Le président de l’Assemblée a frappé dans son propre
camp mais cela met mal á l’aise les ministres de l’opposition. Si la
presse proche de l’opposition s’impatientait de savoir la suite de
l’affaire Tagro, ce n’était pas le cas pour les ministres proche RHDP
voire ceux issus des forces nouvelles. L’on se souvient que Sidiki
Konaté, ex portes parole des forces nouvelles, ministre du tourisme et
de l’artisanat avait réhabilité le petit Hôtel Hambol de Katiola à 2
milliards de FCFA. Les
ministres de l’opposition et ceux des Forces Nouvelles n’étant pas
exempts de reproches dans le pillage de l’économie, tout le monde reste
prudents dans l’affaire Tagro qui peut se transformer en effet domino et
emporter toute cette classe politique corrompue.
K .Yao
Berlin
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