Politique

CRISE AU FPI

Les demis riches contre les riches

Koulibaly Mamadou, le président de l’Assemblée nationale, dans sa diatribe contre Désiré Tagro, a servi de détonateur entre deux groupes au sein du FPI qui se regardaient depuis longtemps en chien de faïence. D’un côté, les riches que l’on peut qualifier de bourgeois et de l’autre les semi riches. Ces derniers ni pauvres ni riches bénéficient des largesses du pouvoir au prix de leur engagement pour maintenir le régime. Ils auraient voulu rouler en carrosses comme les autres, mais hélas.   En effet, depuis son accession au pouvoir en 2000, Laurent Gbagbo, faisant fi de toutes les valeurs du socialisme, a constitué une véritable oligarchie empreinte de tribalisme pour contrôler toutes les richesses du pays. Tous les secteurs susceptibles de production de richesses sont systématiquement contrôler par le régime Gbagbo souvent avec des hommes aux compétences douteuses. Ainsi le plan de libéralisation de la filière café-cacao n’a été qu’une mise sous contrôle. En dehors d’Henri Amouzou, toute la filière était contrôlée par les hommes du FPI venus pour la plupart du centre ouest de la Côte d’Ivoire. La filière, mines et énergie est étroitement contrôlée par les plus proches amis de Laurent Gbagbo dont son beau frère Kassoum Fadiga, PDG de PETROCI (oncle de sa seconde épouse Nady Bamba), son oncle Ottro, PCA de la SIR. Le port d’Abidjan sensé être un moteur de production de richesses est confié à un  de ses amis, Marcel Gossio venu aussi de l’ouest. A cela il faut ajouter les autres secteurs producteurs de richesses qui n’ont pas les mêmes dimensions que ceux cités plus hauts. Ce groupe de dirigeants va ainsi créer un grand cercle de ravitaillement au sein du parti pour se partager des sommes colossales. Ainsi le train de vie de la plupart de ces gens, qui dans un passé récent étaient de simples enseignants ou simples fonctionnaires, sera multiplié par 1000. Achat de voitures haut de gammes, de constructions d’immeubles et d’hôtels de luxe. Il se crée ainsi le groupe des nouveaux riches de Côte d’Ivoire, millionnaires en Euros. L’éclatement de la rébellion va également créer des riches de la crise tels Blé Goudé à qui tous les directeurs des grandes sociétés de l’Etat verseront des sommes énormes afin d’organiser des manifestations de résistance. Ce groupe dit des Patriotes se remplira les poches pour que les riches continuent d’être à leurs postes.

Pendant ce temps, des cadres nommés ou élus à des postes politiques non pourvoyeurs de fonds assistent avec rancœur à l’insolente vie des anciens camarades. Bien qu’ils soient bien payés, ils ne peuvent en aucun cas s’offrir le luxe des autres. Ils sont obligés de manger les miettes qui tombent de la tables des costauds de la république. Et c’est tout à fait normal qu’il y ait des frustrés provoquant des humeurs incontrôlés. Eugène Djué, un baoulé, lui également jeune patriote a été battue à sang devant la résidence de Laurent Gbagbo, alors qu’il allait lui demander un peu d’argent pour les fêtes de fin d’année. Un Blé Goudé n’aurait jamais subi un tel sort parce qu’il n’est pas baoulé. Mamadou Koulibaly fait parti de la longue liste des mécontents dont la rancœur a fait naître subitement en eux des valeurs de démocratie et de bonnes gouvernances. Pourquoi Mamadou koulibaly avoue-t-il maintenant que ses camarades sont les pires voleurs que la Côte d’ivoire ait connus de son histoire ? Derrière Koulibaly se cache bon nombre de bons serviteurs du FPI qui par peur de perdre les quelques petits privilèges n’osent pas donner de la voix. Depuis que la soit disant justice ivoirienne a blanchi Désiré Tagro, ils sont encore plus nombreux ces demis riches qui reportent leur colère pour un autre rendez-vous.

Jean Luc Kondo

Berlin