Le président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, est mort lundi d'une crise
cardiaque à la clinique Quirón de Barcelone. Agé de 73 ans, le doyen des
chefs d'Etat africains était aux commandes de son pays depuis près de 42
ans. Lire la suite l'article
Le Premier ministre Jean Eyeghé Ndong a annoncé la mort du chef de l'Etat dans un communiqué publié en fin d'après-midi à Barcelone. Quelques heures plus tôt, devant l'hôpital, il avait martelé que le président Bongo était "vivant", démentant des informations parues dans les médias français.
Dans la matinée, après "m'être entretenu avec l'équipe médicale" en présence de plusieurs dignitaires gabonais et de membres de sa famille, "j'ai constaté à cette occasion que le chef de l'Etat à qui j'avais rendu visite en unité de soins intensifs était bien en vie", a-t-il répété dans son communiqué.
"Mais, nous savions tous que l'état de santé du président de la République était devenu préoccupant depuis quelques jours", a-t-il reconnu. "C'est à 14h30 que l'équipe médicale qui le suit m'a informé, ainsi que les officiels et les membres de la familles présents que le président de la République son Excellence El Hadj Omar Bongo Ondimba, venait de rendre l'âme des suites d'un arrêt cardiaque à l'hôpital Quiron de Barcelone".
"En cette circonstance douloureuse, le gouvernement de la République vous invite à rester unis et solidaire dans le recueillement et la dignité", a ajouté le Premier ministre, annonçant un deuil national de 30 jours.
Le Gabon a ensuite annoncé la fermeture de son aéroport international ainsi que de toutes ses frontières maritimes et terrestres. A Libreville, l'atmosphère semblait tendue, les forces de sécurité prenant position devant les principaux bâtiments publics et d'importantes infrastructures électriques.
L'annonce du décès du président a provoqué des embouteillages dans les rues de la ville, nombre de Gabonais se précipitant pour rentrer chez eux. Certains portaient des sacs de riz, ayant apparemment fait des provisions en prévision d'une possible fermeture des magasins.
Des préparatifs pour des funérailles nationales étaient en cours d'élaboration et seront bientôt annoncés, a précisé lundi soir par téléphone à l'Associated Press la ministre des Communications Laure Gondjout. Elle a souligné que la constitution du pays "sera suivie".
La Constitution prévoit que le président du Sénat assume le pouvoir en cas de décès du chef de l'Etat et qu'une élection présidentielle soit tenue dans les 90 jours. Mais beaucoup spéculent sur une prise du pouvoir par l'un des fils d'Omar Bongo, Ali Bongo Odimba, actuel ministre de la Défense.
A Paris, le président français Nicolas Sarkozy a réagi à l'annonce officielle du décès du président Bongo. "C'est un grand et fidèle ami de la France qui nous a quittés, une haute figure de l'Afrique et un chef d'Etat qui avait su gagner l'estime et le respect de l'ensemble de ses pairs, notamment par ses nombreuses initiatives en faveur de la paix sur le continent africain".
Jacques Chirac a, lui, fait part de sa "tristesse" et a rendu hommage "à celui qui, comme doyen des chefs d'Etat africains, aura réussi à s'imposer comme un sage, contribuant à la paix et à la stabilité de l'ensemble du continent", selon un communiqué de ses services. Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie, a, de son côté, salué "un homme qui a oeuvré sans relâche pour la paix sur le continent africain et pour promouvoir une conception des relations internationales plus équilibrées".
Depuis dimanche soir, les informations contradictoires se succédaient concernant le président gabonais: Libreville avait plusieurs fois démenti les informations de plusieurs médias français selon lesquelles Bongo était décédé à Barcelone.
Omar Bongo Ondimba, qui était au pouvoir depuis près de 42 ans, était hospitalisé depuis plus d'un mois, très affecté par le décès à la mi-mars de son épouse Edith, la fille d'un autre autocrate africain, le Congolais Denis Sassou N'Guesso.
Dimanche soir, la ministre gabonaise de la Communication Laure-Olga Gondjout avait démenti ce décès à l'Associated Press, tout comme le porte-parole de la présidence Raphaël N'Toutoume.
Le mois dernier, le ministère espagnol des Affaires étrangères avait fait savoir qu'Omar Bongo était malade et hospitalisé à Barcelone "dans un état sérieux mais stable".
Selon un diplomate africain à Libreville s'exprimant sous couvert d'anonymat, M. Bongo était atteint de diabète et d'un cancer de la prostate. AP