Depuis combien de temps êtes-vous présent
sur le sol belge ?
Merci de me donner
l'opportunité de répondre à vos questions et surtout d'apporter mon
témoignage qui, peut-être, servira certaines personnes. En particulier les
jeunes de la communauté ivoirienne. Je suis en Belgique depuis 27 ans et
j'essayerai de partager l'expérience que j'ai pu acquérir durant tout ce
temps.
Etes-vous venu en Belgique dans l'optique
des études ou en tant que simple aventurier ?
C'est surtout pour les
études que j'étais là. Et c'est ce que j'ai fait en premier lieu.
Comment s'est déroulé votre parcours
scolaire ici ?
Je suis arrivé en tant
qu'étudiant. J'ai fait des études supérieurs en gestion d'entreprise puis
en assurance plus quelques formations complémentaires en bureautique
notamment.
Depuis votre arrivée ici avez-vous coupé le
pont avec votre pays d'origine ou est-ce que le contact est toujours là
?
On reste forcément en
contact avec le pays. C'est très important pour nous d'avoir les pieds
dans la racine. C'est même trop important. Nous avons des contacts
téléphoniques et par moments nous y faisons un tour quand l'occasion se
présente. Et nous disposons aujourd'hui de beaucoup d'outils
d'informations qui constituent le cordon ombilical entre le pays et nous.
Nous sommes au quotidien informés de tout se qui s'y passe.
M. et Mme Kanté en famille.
Aujourd'hui, comment vous sentez-vous dans
ce pays ?
Je peux dire bien. Après
27 ans, on peut quand même dire qu'on a une certaine assise. L'intégration
entre guillemets est faite. On peut dire qu'on se sent un peu chez nous.
"L'intégration
est un combat personnel"
On parle souvent d'intégration difficile. A-t-il été le cas pour vous
?
Ce n'est jamais simple. En
la matière, chacun à son parcours. L'intégration est un combat personnel.
Il y a toujours des difficultés. Mais ce qui est important c'est de savoir
l'objectif qu'on veut atteindre et se donner les moyens pour y parvenir.
Ce n'est pas toujours facile, mais on y arrive quand on a la volonté.
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Aujourd'hui vous êtes dans le milieu des assurances. Vous a-t-il été
facile de vous faire accepter dans ce milieu où la confiance est maître
mot ?
Ce n'est pas évident.
Malheureusement d'ailleurs on est pas nombreux à pratiquer les assurances
en Belgique. C'est un domaine qui reste encore réservé aux européens. Mais
je pense pouvoir faire des émules et que ça donne envie à d'autres
personnes de faire la même chose que moi. Pour l'instant ça reste un
domaine peu prisé par la communauté ivoirienne.
Quel est votre parcours professionnel dans ce corps
?
Depuis bientôt 17 ans je
travaille en tant que courtier d'assurance auprès de la première compagnie
européenne d'assurance Axa. J'ai aussi quelques expériences dans d'autres
compagnies. Vu que nous sommes entourés de risques en Belgique, tout le
monde a besoin d'assurance c'est un domaine utile et passionnant car il
vous met chaque jour en contact avec d'autres personnes.
Votre
métier vous permet-il de joindre les deux bouts
?
On ne va pas trop s'en
plaindre. Le métier d'assureur permet de vivre correctement si on le fait
avec sérieux, avec professionnalisme et surtout lorsqu'on est capable de
relever les gros défis.
Aujourd'hui, quels sont vos rapports avec
la communauté ivoirienne de Belgique ?
Ce sont des rapports de
courtoisie. Surtout lorsqu'on se rencontre lors de certaines cérémonies.
Hormis cela, il n'y a pas de contact véritable. Tout le reste se fait par
affinité.
"Il faut des gens capables de redynamiser
la communauté. Il y a un réel besoin."
Estimez-vous que cette communauté est bien
organisée au niveau de la Belgique ?
Beaucoup de choses
restent à faire d'autant plus qu'il y a beaucoup d'ivoiriens qui
choisissent la destination Belgique. Ce serait donc utile de mettre en
place une communauté bien structurée, avec des objectifs claires, avec des
gens capables de redynamiser la communauté. Il y a un réel besoin.
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Votre situation matrimoniale ?
Je suis marié, père de
quatre enfants tous nés en Belgique.
Votre goût musical ?
Je suis diversifié quand
même. J'aime bien la musique ivoirienne et pour le reste, je préfère tout
ce qui touche au RNB. La musique d'ambiance en gros.
M. Kanté en plein travaille à son bureau
La gastronomie ?
J'apprécie la nourriture
africaine. J'aime bien nos mets. Je reste tout à fait ouvert de par mon
expérience ici. Dans des banquets ou des réunions j'ai régulièrement
l'occasion de goûter à des plats européens.
Etes-vous un noceur
?
J'ai pas souvent
l'occasion de le faire. A l'époque oui. Mais quand on a des
responsabilités familiales, on sort beaucoup moins. On participe surtout à
des rencontres entre amis ou rendre visite à des amis. Mais aussi, il n'y
a pas beaucoup d'endroits où la communauté ivoirienne peut se retrouver.
Ce qui est bien dommage d'ailleurs.
Votre sport préféré ?
Le sport que j'aime bien,
c'est le tennis. Comme tout africain, j'aime aussi le football.
Votre
opinion sur la politique ivoirienne ?
L'actuelle politique
ivoirienne est assez complexe. On ne sait pas où on va. Ce qu'on sait,
c'est qu'il y a des crises à répétition. Les gens aspirent à une certaine
stabilité ce qui malheureusement semble être un leurre. On aimerait
simplement que la Côte d'Ivoire redevienne comme elle était avant
c'est-à-dire un havre de paix où il fait bon vivre.
Votre message à la communauté ivoirienne
?
Je dirai que la communauté
à tout intérêt à se ressaisir et à se retrouver. Il y a tellement de
possibilités et d'ouvertures aujourd'hui qu'il est écœurant de voir les
ivoiriens se limiter aux petites choses. Tant au niveau professionnel que
social, il y a des ivoiriens qui ont des compétences à faire partager.
Mais ils ne trouvent pas le cadre pour le faire. Il serait bien et grand
temps que la communauté se retrouve pour qu'on puisse se connaître, faire
des choses ensemble de sorte à se tirer chacun vers le haut. La communauté
doit être l'exemple à montrer à la Côte d'Ivoire en terme d'union et
d'ouverture.
Sidibé Lancina
sidiblancina@lateralinfo.net
Contact de M. Kanté:
+32(0)495437416 |