Politique

Election présidentielle en Côte d’Ivoire

On en rigole maintenant

Demander à un citoyen ivoirien la date de l’élection présidentielle dans son pays, il ne saura vous le dire. Mais quand vous lui demander la date du prochain report, il vous répondra systématiquement que lorsque la prochaine date de l’élection sera fixée. Car tous aujourd’hui sont convaincus qu’aucun acteur impliqué dans la crise ivoirienne n’est pressé d’aller à cette élection présidentielle. Contrairement à ce que les différents camps font croire. Les populations n’osent plus parier sur les dates. Et la diaspora ivoirienne dans son ensemble, fatiguée des différents reports, se résout à prendre la chose avec une philosophie empreinte d’une bonne dose d’humour. « Mon cher ceux-là (en parlant des politiciens ivoiriens), ce sont les mêmes. C’est nous qui nous fatiguons. Tant qu’ils n’auront pas mis le pays complètement à terre, ils ne penseront pas à résoudre le problème », laissent entendre beaucoup d’ivoiriens qui vivent à l’étranger. Pour eux, d’un état de crise, on est passé à celui de business où les politiciens se sucrent sur le dos des populations. Toutes tendances confondues. Et le crime financier dans la filière café-cacao, pilier de l’économie ivoirienne, qui a conduit les barrons de tous les bords politiques à la maison d’arrêt d’Abidjan achève de les convaincre que le business lié à la guerre a pris le pas sur la volonté réelle de régler la situation. Selon l’audit réalisé par le cabinet KPMG, entre septembre 2002 et 2008, 370 milliards de F Cfa ont disparu purement et simplement des caisses des organes de gestion de la filière café-cacao. N’eut été les injonctions des institutions de Breton Wood pour faire la lumière sur la gestion de la filière, l’évasion des capitaux aurait certainement continuer.

La filière café-cacao est une infime partie de l’iceberg de business qui devenu le territoire ivoirien. Alors on peut comprendre alors qu’aller à l’élection présidentielle n’est pas une priorité pour les acteurs impliqués dans la crise. Seul la force peut les y contraindre. Si non, on peut toujours les attendre.

Sidibé Lancina