PRESIDENTIELLE NON TENUE
A qui
profite
le crime?
Qui a intérêt à
ce que l’élection présidentielle maintes fois reportée ne se tienne pas?
Les ivoiriens naviguent á vue, la tenue de la prochaine élection est
hypothétique.
Une
incertitude sans précédente règne une fois de plus sur la tenue de
l’élection présidentielle. Malgré la nomination d’un nouveau président
de la commission électorale indépendante (Cei), les choses ne semblent
pas bouger sur les bords de la lagune Ebrié. Et les ivoiriens commencent
á perdre confiance. Même si le spectre de la reprise des hostilités ne
hante désormais plus les esprits, l’inquiétude, de voir la situation
sociale se dégrader davantage, est grandissante. Malgré les apparences
sur un éventuel consensus sur la liste électorale, le blocage est bel et
bien là. Car le FPI, parti au pouvoir, soupçonne des étrangers sur cette
liste. Le PDCI, ancien parti au pouvoir qui a dirigé le pays pendant 40
ans, semble rejoindre le Parti de Laurent Gbagbo dans cette suspicion
xénophobe. Le blocage est bien évident. A cela, il faut ajouter
l’épineux problème du désarmement des ex-combattants qui peine à
démarrer effectivement. Là encore, le consensus ne semble pas être la
chose la mieux partagé. Si pour certains, l’on peut tenir la
présidentielle sans le désarmement, d’autres tels le FPI et le PDCI
réfutent catégoriquement cette éventualité. Un refus
légitime. Quel heureux candidat issu des urnes voudrait être
confronté dans ses nouvelles fonctions à un problème de désarmement? En
tout cas pas Bédié ou encore un Gnamien Konan. L’on assiste à un tango à
l’ivoirienne avec trois pas derrière et un en avant entraînant un statut
quo qui ne fait qu’empirer la pauvreté. Qui tire profit de cette
situation au point où le report sans cesse de la présidentielle n’émeut
personne. Même plus la communauté internationale. Au plan national, la
crise militaro politique déclenchée la nuit du 19 septembre 2002 ne
profite en réalité qu’aux deux parties en belligérance. D’un côté, le
régime en place incarné par Laurent Gbagbo et de l’autre, la rébellion
armée portée par l’étudiant Guillaume Soro.
En
signant le fameux accord dit accord politique de Ouaga (APO) sous
l’égide du président du Burkina Faso, Laurent Gbagbo et Soro signaient
le deal qui leur permettait de se maintenir aussi longtemps au pouvoir
tant qu’aucune contestation musclée ne viendrait les perturber. Dans
l’exercice du pourvoir, Laurent capitalise presque 10 ans à la tête de
l’état quand Guillaume Soro, le seul Premier Ministre de Côte d’ivoire à
n’avoir jamais travaillé ni payé d’impôts se profile vers les quatre
années dans sa nouvelle fonction. Gbagbo ne veut pas lâcher le pouvoir
encore moins Soro dont le souci majeur est de se positionner comme
l’homme fort politique du pays dans les années à venir après le retrait
de Bedié, ADO et Gbagbo, qui seront plus autorisés à briguer une
candidature car, atteints par la limite d’âge. Avec son fonds de
souveraineté d’environ 23 milliards de F Cfa par an, sans compter la
fortune amassée dans le trafic de tous genres dans le nord du pays, Soro
est à même de faire balancer les forces en sa faveur dans les prochaines
consultations électorales. Après 3 ans dans ses fonctions de premier
ministre, nombreux sont les ivoiriens qui ont oublié qu’il l’auteur de
milliers d’assassinats dans les zones rebelles. Nombreux sont ceux qui
lui avouent de l’admiration. Le coup semble marcher á merveille tant que
le peuple ne réagit pas. Il en est de même pour Laurent Gbagbo and Co
qui ont peur de passer devant les juridictions internationales pour les
nombreux crimes commis sur des innocents.
Avec l’argent pillé du Cacao, du Café, du Bois, du Pétrole, le
FPI peut se targuer d’avoir désormais la première force financière et un
trésor de guerre pour
diriger et créer le désordre, comme il sait bien le faire. Et tant que
le statut quo perdurera, le pillage continuera.
A l’extérieur des frontières ivoiriennes, le statut quo profite en à
point douter á la France,
premier investisseur en Côte d’Ivoire et á certains autres pays avides
de conquérir d’autres horizons économiques tels
la Chine, l’inde, l’Afrique du Sud et les Etats Unis
pour leur soif de pétrole. L’influence de
la France sur les acteurs politiques ivoiriens est
telle que si elle tapait du
poing sur la table suivi de représailles financières et interdictions de
voyage certains cadres du FPI, leurs familles et tous les chefs rebelles
y compris leurs proches, l’élection se tiendrait immédiatement sans
préalable.
Les sanctions de l’Onu contre Blé Goudé ne l’ont-il pas rendu doux? Mais
Sarkozy qui incarne le pouvoir français a son Cœur pour Ado, sa raison
pour Bédié et ses intérêts avec Laurent Gbagbo. Pour cela Gbagbo ne
ménage aucun effort pour satisfaire les amis de Sarkozy tels Bouygues,
Bolloré pour ne citer que ces deux là.
Lui qui avait décidé au début de son mandat
de spolier
la France de ses gros
contrats, en a
concédé
encore plus que ses
prédécesseurs.
La France
tout comme les pays prédateurs adorent les pouvoirs affaiblis et les
laissent longtemps demeurer au pouvoir afin d’en tirer profit au
maximum. La chine grignote des parts de marchés dans le but de bloquer
les résolutions à l’ONU. Dans ce cercle vicieux des intérêts croisés, la
certitude de voir la Côte d’ivoire se libérer de
ses politiques, est encore loin.
Kouakou Yao
Le Latéral info, Berlin
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