Didier
Drogba l'attaquant ivoirien de
chelsea
La nomination par
la CAF le 12 mars dernier de l’ivoirien Didier Drogba comme
ballon d’or africain 2009 n’arrête pas de susciter la polémique
et d’alimenter les débats dans le landerneau cybernétique. Le
goléador camerounais Samuel Eto’o était en effet pressenti par
tous les observateurs pour remporter haut la main ce trophée
avant que les responsables techniques des fédérations africaines
affiliées à la CAF n’en décident autrement.
Les 44 fédérations qui ont participé au vote ont ainsi attribué
92 points à l’attaquant ivoirien, contre 69 points à Samuel
Eto’o et 43 points au joueur ghanéen Michael Essien. Le
règlement de la CAF, qui est pourtant clair en ce qui concerne
la constitution de la short-list des cinq joueurs sélectionnés
pour concourir au titre de ballon d’or africain – ils sont
choisis sur la base de leurs performances, leurs résultats
sportifs, leur charisme, leur influence et leur popularité –,
l’est beaucoup moins sur les critères qui ont permis aux
fédérations africaines de faire leur choix.
Le titre de Didier Drogba ne manque donc pas de soulever un
certain nombre d'interrogations quant à la part de subjectivité
à prendre en compte dans le choix des votants.
En supposant – ce qui serait logique – que les sélectionneurs
aient voté sur la base des mêmes critères que ceux qui ont
permis la constitution de la short-list constituée de Drogba, d’Eto’o,
d’Essien, de Keïta et de Touré, on peut se demander sur lequel
de ces éléments l’Ivoirien devançait autant le Camerounais pour
que ce dernier soit classé à la 3ème place par 8 fédérations
(Malawi, Comores, Algérie, Guinée, Zambie, Sénégal, Namibie,
Ghana) et ne soit carrément pas classé dans le trio final par 11
autres (Gambie, Lybie, Soudan, Mauritanie, Egypte, Erythrée,
Ethiopie, Zimbabwe, Guinée Equatoriale, Afrique du sud et
Libéria).
Sur les 44 fédérations participantes à ce vote, 19 en tout ont
en effet considéré que le joueur camerounais ne méritait pas au
moins la deuxième place et 11 d’entre elles ont jugé qu’il ne
méritait même pas la troisième position ! Ce qui est pour le
moins surprenant si on s’en tient au « track record » de Samuel
Eto'o l’année dernière avec le FC Barcelone, incontestablement
le plus prolifique de tous les footballeurs du continent noir :
30 buts en 36 matches de championnat, 6 buts en ligue des
champions dont 1 en finale, vainqueur de la Liga, de la
Champions League et de la Coupe du Roi.
Sur le plan international, l’attaquant camerounais a participé
pleinement à la qualification de son équipe pour la CAN 2010 et
la coupe du monde en Afrique du sud en marquant 9 buts en 11
matches auxquels il a participé. Et si le Cameroun a été éliminé
en quarts de finale de la CAN 2010, la Côte d’Ivoire n’a pas
fait réellement mieux puisque les éléphants ont été battus au
même stade de la compétition par les fennecs algériens sur le
score de 3 buts à 2.
Qu'est ce qui explique donc que l’attaquant intériste soit ainsi
boycotté par près de la moitié des fédérations africaines pour
ce titre qui aurait fait de lui le premier joueur à être 4 fois
ballon d’or africain ? La piste du charisme, de l’influence, de
la popularité et plus généralement du comportement dans et en
dehors du terrain, évoquée par certains médias et quelques
internautes, aurait-elle fait la différence entre l’Ivoirien et
le Camerounais ?
Cela semble peu plausible puisque sur le terrain de l'attitude
générale, Samuel Eto’o n’a pas à rougir devant Didier Drogba.
Les quelques dérapages verbaux qui sont mis à la charge de
l’attaquant camerounais ne représentent qu’une goutte d’eau dans
un océan de générosité et de sollicitude à l'égard du continent,
notamment à travers ses actions pour la promotion du football
africain et son fair-play légendaire sur les terrains. Ses
petits écarts, qui sont d’ailleurs le propre de beaucoup de
grandes stars, n’ont rien à voir avec les débordements de Didier
Drogba lors de l’élimination de Chelsea pendant la Champions
League l’année dernière.
Penser que le comportement de Samuel Eto’o est un critère qui
aurait pu le desservir dans la désignation du ballon d’or
africain relève tout simplement d’une mauvaise interprétation
des faits au regard de son implication auprès des pauvres et des
plus démunis.
Le prix
« Altropallone » qui lui a été décerné le mois dernier
pour son implication dans l’éducation et l’intégration des
jeunes défavorisés au Cameroun démontre s’il en était, que
l’attaquant camerounais demeure un exemple pour des millions
d’africains.
La seule raison pertinente – et peut-être même la plus évidente
– qui puisse justifier le choix de l’Ivoirien pour ce titre de
ballon d’or africain est que les sélectionneurs du continent
n’ont pas élu le meilleur joueur de l’année 2009 mais plutôt le
joueur le plus performant de la moitié de saison en cours. Et à
ce titre, Didier Drogba était sans aucun doute l’unique
prétendant crédible pour remporter le trophée et risque fort de
rempiler l'année prochaine (si on revient en 2011 aux critères
de performances de la saison qui sera écoulée).
Le choix de l'attaquant de Chelsea, quelle que soit la manière
dont on retourne le problème et malgré tout le talent qu'on peut
lui reconnaître, reste finalement un choix très discutable. Et
une question importante demeure d'ailleurs : pourquoi l’Ivoirien
n’a-t-il pas été déchu de son titre (comme en 2008) puisqu’il
était absent le 12 Mars dernier de la cérémonie de remise du
trophée et que
l’article 4 du règlement des CAF awards exige la
présence du lauréat de manière irrévocable ? Issa Hayatou
aurait-il pour cette fois pris acte de la vacuité de sa
réglementation ?
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